Mais qu'arrive-t-il donc à la jeunesse télévisuelle américaine ? La très sévère et prude Parent Council ne veille-t-elle plus au grain ? Heureusement pour ce « conseil de parents avisés », ils ont encore « 7 à la maison » et son énième saison pour apprécier les bonnes vielles valeurs familiales, moralisatrices à souhait, sorte de «Petite Maison dans la Prairie » des années 2000.
Car le monde des séries TV pour ado n’est carrément plus ce qu’il était et il y a de quoi en perdre son algèbre ! Exit les banalités californiennes de gamins riches à la «Beverly Hills », terminées les virginités à rallonge de nos chers Dawson et Donna, les bons sentiments, l’entraide, les discussions à bâtons rompus (mais pas trop quand même, faut pas exagérer !) sur la sexualité et l’amitié, à la poubelle les familles bien sous tout rapport, le canevas de la famille nucléaire (Papa, maman, bébé) les triangles amoureux basiques. L’heure est à la nouveauté et nous en salivons d’avance.
La famille Girardi au grand complet .
La folle qui parle à Dieu
Forte de la période "girl power" du milieu des années 90 et grâce à quelques illustres aînées du nom de Dana, Monica, Rachel, Xéna, Ally et j’en passe, l’héroïne adolescente a magnifiquement progressé. Plus mûre, plus réfléchie avec ses faiblesses, ses doutes, la jeune fille des années 2000 cherche avant tout à se connaître et à comprendre le monde qui l’entoure. Et c’est ainsi que naquit Joan, une prestigieuse héroïne du quotidien issue du cœur même… d’Arcadia qui a, cela dit, comme caractéristique particulière de parler à… Dieu. « Le Monde de Joan » porte ainsi bien son nom (notons cependant que le titre VO « Joan of Arcadia » est nettement plus explicite que la version française) car notre Jeanne d’Arc nouvelle version entame sa crise d’adolescence au moment même où elle commence à parler au Tout Puissant. Au demeurant, Joan Girardi, 15 ans, est une fille tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Son père est policier, sa mère travaille au secrétariat du lycée, son jeune frère Luke, passionné de science est un « geek » en puissance. La famille se remet tout doucement de l’accident de voiture qui a coûté ses jambes au fils aîné Kevin, qui évolue désormais dans un fauteuil roulant. On le comprend dès les premiers échanges, le quotidien des Girardi n’est pas tout rose mais les membres qui composent cette famille s’aiment profondément, à commencer par les parents, et tous sont assez intelligents et forts pour prendre les vicissitudes de la vie avec humour et non comme une fatalité. Et si la rencontre de Joan avec Dieu va profondément changer son rapport au monde, il en va de même pour son entourage. C’est le propre même de la série de distiller un effet domino aux actions de Joan. Chaque épisode est ainsi construit de la même façon : Joan passe pour une cinglée aux yeux des autres en s’obstinant à faire une chose illogique mais qui, par un obscur cheminement, va aider quelqu’un d’une façon ou d’une autre.
Joan et l’une des nombreuses incarnations de Dieu .
Au détour d’une allée, Joan rencontre donc une personne humaine qui se dit être Dieu. La jeune fille ne croit évidemment pas une seconde à ce « trip paranormal » surtout que ladite personne lui conseille fermement des activités étranges (travailler dans une librairie, s’inscrire en cours de chimie…) en répondant à ses interrogations par de laconiques et ironiques « Les voix du Seigneur sont impénétrables », « Bientôt, tu verras la lumière au bout du tunnel ». Chers lecteurs, je vous vois d’ores et déjà sceptiques et braquant votre lampe torche dans mes yeux (aïe, ça fait mal !) à l’image d’une Scully car il est vrai que sur le papier, cette histoire d’ado qui parle à Dieu ne semble par tenir la route. Sauf que si. Parce que Barbara Hall, créatrice de la série « Amy », aujourd’hui terminée, sait ce qu’elle fait et a su insuffler au « Le Monde de Joan » une humanité indéniable. Au même titre que « Six Feet Under » célèbre la vie en parlant de la mort (et vice versa d’ailleurs), « Le Monde de Joan » questionne la religion sans théologie pompeuse. Joan, qui finit par se laisser gagner par une sorte de foi, met quotidiennement en doute les demandes de ce Dieu qui se présente à elle sous diverses formes (un enfant, une mamy, un gothique, un beau gosse…), questionne ses amis et parents (les premiers la trouvent joliment cinglée, les seconds préfèrent mettre ça sur le compte de la puberté, après tout elle a 15 ans), remet en cause l’ordre établi et chemin faisant change les choses à son échelle. Et si la jeune fille a parfois l’impression de porter le poids du monde sur ses épaules (mais où est donc Buffy, c’est son boulot !), elle sait intrinsèquement que ses actions sont justes et nécessaires. Une façon comme une autre de se responsabiliser, même (surtout ?) à l’âge de 15 ans.
Les parquets, ça fait mal !
Bienvenue à Tree Hill, charmante petite ville américaine, année 2003. Tree Hill, son fleuve, ses petites maisons, son centre commercial, son lycée, à l’intérieur du lycée, le gymnase, dans le gymnase, des joueurs, parmi ces joueurs deux maillots aux numéros différents mais aux noms similaires, Scott.
Frotti-frotta assumé chez les ados de Tree Hill .
«Les Frères Scott » (One Tree Hill en VO), ce sont Nathan et Lukas, demi-frères, fils d’un même père qui a abandonné Lukas et sa mère pour fonder une famille avec sa femme et son fils, Nathan. Jusqu’à il y a encore quelques jours, les deux Scott parvenaient à s’éviter non sans une certaine tension, Lukas était le bâtard pauvre, Nathan le caïd du lycée. Sauf que voilà, devant le talent de Lukas pour le basket, l’entraîneur roublard de l’établissement décide de l’intégrer à l’équipe dont Nathan est le capitaine. Qui plus est, Lukas fait la connaissance de Peyton, jolie blonde artiste à ses heures, tombe sous son charme et découvre qu’il s’agit de la copine officielle de Nathan. Ouille, planquez les vases, sortez les armures, ça va se bastonner sur les parquets de basket ! Encore une série de boutonneux énervés sur fond d’histoires d’amours impossibles ? Et bien non, là encore la nouvelle génération de séries ado surprend.
Sous ses allures de show copier/coller sur «Dawson » (forcément le héros est Chad Michael Murray, ça n’aide pas pour le distinguo !), «Les Frères Scott » est une dramédie intelligente truffée de faux-semblants qui propose une vision contrastée de l’adolescence et des personnages graves. Ainsi, Lukas n’est pas un beau gosse irréprochable mais se conduit parfois en parfait salaud tandis que Nathan transcende son statut de tête à claque pour s’humaniser au contact de la meilleure amie de Lukas. Car la série a beau se concentrer sur Nathan et Lukas, les personnages les plus réussis, les mieux écrits sont encore les trois filles de l’univers Scott. Peyton, la blonde légèrement rebelle, artiste subversive (pas trop quand même on est sur la WB !) élevée par un père veuf, souvent absent, Hayley, la meilleure amie qui ne répond pas à l’archétype du personnage (généralement folle de son « pote », protectrice… cf. Chloé dans «Smallville ») et enfin Brooke, la brune incendiaire qui, sous des allures de fille facile, cache une sensibilité à fleur de peau. La grande nouveauté apportée par « Les Frères Scott », c’est la facilité avec laquelle est évoquée la sexualité de ses jeunes. D’ailleurs, on parle très peu sexualité, on la vit dans tout ce qu’elle peut avoir d’épanouissante et cette attitude est réellement très saine.
Peyton, Lukas et Brooke, le triangle amoureux par excellence .
« Le Monde de Joan » et « Les Frères Scott », deux nouvelles façons d’aborder l’adolescence et ses tracas portées par une seule et même philosophie, la vie.
Car le monde des séries TV pour ado n’est carrément plus ce qu’il était et il y a de quoi en perdre son algèbre ! Exit les banalités californiennes de gamins riches à la «Beverly Hills », terminées les virginités à rallonge de nos chers Dawson et Donna, les bons sentiments, l’entraide, les discussions à bâtons rompus (mais pas trop quand même, faut pas exagérer !) sur la sexualité et l’amitié, à la poubelle les familles bien sous tout rapport, le canevas de la famille nucléaire (Papa, maman, bébé) les triangles amoureux basiques. L’heure est à la nouveauté et nous en salivons d’avance.
La famille Girardi au grand complet .
La folle qui parle à Dieu
Forte de la période "girl power" du milieu des années 90 et grâce à quelques illustres aînées du nom de Dana, Monica, Rachel, Xéna, Ally et j’en passe, l’héroïne adolescente a magnifiquement progressé. Plus mûre, plus réfléchie avec ses faiblesses, ses doutes, la jeune fille des années 2000 cherche avant tout à se connaître et à comprendre le monde qui l’entoure. Et c’est ainsi que naquit Joan, une prestigieuse héroïne du quotidien issue du cœur même… d’Arcadia qui a, cela dit, comme caractéristique particulière de parler à… Dieu. « Le Monde de Joan » porte ainsi bien son nom (notons cependant que le titre VO « Joan of Arcadia » est nettement plus explicite que la version française) car notre Jeanne d’Arc nouvelle version entame sa crise d’adolescence au moment même où elle commence à parler au Tout Puissant. Au demeurant, Joan Girardi, 15 ans, est une fille tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Son père est policier, sa mère travaille au secrétariat du lycée, son jeune frère Luke, passionné de science est un « geek » en puissance. La famille se remet tout doucement de l’accident de voiture qui a coûté ses jambes au fils aîné Kevin, qui évolue désormais dans un fauteuil roulant. On le comprend dès les premiers échanges, le quotidien des Girardi n’est pas tout rose mais les membres qui composent cette famille s’aiment profondément, à commencer par les parents, et tous sont assez intelligents et forts pour prendre les vicissitudes de la vie avec humour et non comme une fatalité. Et si la rencontre de Joan avec Dieu va profondément changer son rapport au monde, il en va de même pour son entourage. C’est le propre même de la série de distiller un effet domino aux actions de Joan. Chaque épisode est ainsi construit de la même façon : Joan passe pour une cinglée aux yeux des autres en s’obstinant à faire une chose illogique mais qui, par un obscur cheminement, va aider quelqu’un d’une façon ou d’une autre.
Joan et l’une des nombreuses incarnations de Dieu .
Au détour d’une allée, Joan rencontre donc une personne humaine qui se dit être Dieu. La jeune fille ne croit évidemment pas une seconde à ce « trip paranormal » surtout que ladite personne lui conseille fermement des activités étranges (travailler dans une librairie, s’inscrire en cours de chimie…) en répondant à ses interrogations par de laconiques et ironiques « Les voix du Seigneur sont impénétrables », « Bientôt, tu verras la lumière au bout du tunnel ». Chers lecteurs, je vous vois d’ores et déjà sceptiques et braquant votre lampe torche dans mes yeux (aïe, ça fait mal !) à l’image d’une Scully car il est vrai que sur le papier, cette histoire d’ado qui parle à Dieu ne semble par tenir la route. Sauf que si. Parce que Barbara Hall, créatrice de la série « Amy », aujourd’hui terminée, sait ce qu’elle fait et a su insuffler au « Le Monde de Joan » une humanité indéniable. Au même titre que « Six Feet Under » célèbre la vie en parlant de la mort (et vice versa d’ailleurs), « Le Monde de Joan » questionne la religion sans théologie pompeuse. Joan, qui finit par se laisser gagner par une sorte de foi, met quotidiennement en doute les demandes de ce Dieu qui se présente à elle sous diverses formes (un enfant, une mamy, un gothique, un beau gosse…), questionne ses amis et parents (les premiers la trouvent joliment cinglée, les seconds préfèrent mettre ça sur le compte de la puberté, après tout elle a 15 ans), remet en cause l’ordre établi et chemin faisant change les choses à son échelle. Et si la jeune fille a parfois l’impression de porter le poids du monde sur ses épaules (mais où est donc Buffy, c’est son boulot !), elle sait intrinsèquement que ses actions sont justes et nécessaires. Une façon comme une autre de se responsabiliser, même (surtout ?) à l’âge de 15 ans.
Les parquets, ça fait mal !
Bienvenue à Tree Hill, charmante petite ville américaine, année 2003. Tree Hill, son fleuve, ses petites maisons, son centre commercial, son lycée, à l’intérieur du lycée, le gymnase, dans le gymnase, des joueurs, parmi ces joueurs deux maillots aux numéros différents mais aux noms similaires, Scott.
Frotti-frotta assumé chez les ados de Tree Hill .
«Les Frères Scott » (One Tree Hill en VO), ce sont Nathan et Lukas, demi-frères, fils d’un même père qui a abandonné Lukas et sa mère pour fonder une famille avec sa femme et son fils, Nathan. Jusqu’à il y a encore quelques jours, les deux Scott parvenaient à s’éviter non sans une certaine tension, Lukas était le bâtard pauvre, Nathan le caïd du lycée. Sauf que voilà, devant le talent de Lukas pour le basket, l’entraîneur roublard de l’établissement décide de l’intégrer à l’équipe dont Nathan est le capitaine. Qui plus est, Lukas fait la connaissance de Peyton, jolie blonde artiste à ses heures, tombe sous son charme et découvre qu’il s’agit de la copine officielle de Nathan. Ouille, planquez les vases, sortez les armures, ça va se bastonner sur les parquets de basket ! Encore une série de boutonneux énervés sur fond d’histoires d’amours impossibles ? Et bien non, là encore la nouvelle génération de séries ado surprend.
Sous ses allures de show copier/coller sur «Dawson » (forcément le héros est Chad Michael Murray, ça n’aide pas pour le distinguo !), «Les Frères Scott » est une dramédie intelligente truffée de faux-semblants qui propose une vision contrastée de l’adolescence et des personnages graves. Ainsi, Lukas n’est pas un beau gosse irréprochable mais se conduit parfois en parfait salaud tandis que Nathan transcende son statut de tête à claque pour s’humaniser au contact de la meilleure amie de Lukas. Car la série a beau se concentrer sur Nathan et Lukas, les personnages les plus réussis, les mieux écrits sont encore les trois filles de l’univers Scott. Peyton, la blonde légèrement rebelle, artiste subversive (pas trop quand même on est sur la WB !) élevée par un père veuf, souvent absent, Hayley, la meilleure amie qui ne répond pas à l’archétype du personnage (généralement folle de son « pote », protectrice… cf. Chloé dans «Smallville ») et enfin Brooke, la brune incendiaire qui, sous des allures de fille facile, cache une sensibilité à fleur de peau. La grande nouveauté apportée par « Les Frères Scott », c’est la facilité avec laquelle est évoquée la sexualité de ses jeunes. D’ailleurs, on parle très peu sexualité, on la vit dans tout ce qu’elle peut avoir d’épanouissante et cette attitude est réellement très saine.
Peyton, Lukas et Brooke, le triangle amoureux par excellence .
« Le Monde de Joan » et « Les Frères Scott », deux nouvelles façons d’aborder l’adolescence et ses tracas portées par une seule et même philosophie, la vie.
